LE SIFFLET ENROUE, N° 24
Paraissant au bon vouloir de son auteur,
présentement, le samedi 14 janvier 2012


La gauche : le sport en tête ?

Dans sa petite plaquette rouge vendue en librairie en vue de leur élection présidentielle de 2012 (L’humain d’abord. Le programme du Front de gauche et de son candidat Jean-Luc Mélanchon, Paris, coll. « Librio », E. J. L., 2011), le Frondegôche nous présente les mesures qu’il compte prendre si son candidat est élu. Sachant prendre ses responsabilités, il tient à se rapprocher du peuple en ce moment solennel de plébiscite du chef des français. Pour cela, il rend une magnifique ôde au sport en s’écriant : « Être bien dans son corps, vive le sport ! ». C’est un sous-chapitre qui a trouvé à s’orner d’une si belle devise ; lui-même faisant partie d’un chapitre poétique du programme : « l’émancipation humaine en tête ».

Comme il est si justement dit à ce propos, « nous assurerons la complémentarité entre l’éducation physique à l’école, le sport associatif [c’est-à-dire les clubs] et le sport en entreprise [c’est-à-dire la concurrence sur le marché du travail continuée par d’autres moyens] ». Cette proposition rejoint, dans un bel élan national unanime, ce que dit l’UMP : « Rendu obligatoire par les lois Falloux de 1850, le sport en milieu scolaire, baptisé EPS (éducation physique et sportive), répond à différents objectifs : pédagogie, santé, apprentissage, spécialisation et transmission des valeurs sportives » (projet-ump. fr). Le nécessaire rayonnement de la nation française dans le monde, demande à ce que le sport soit au cœur même du système scolaire : le sport doit désormais être massivement enseigné de la Maternelle à l'Université. D’ailleurs l'EPS, pour être reconnue, doit renoncer à ses rigidités héritées et accepter que, son seul contenu, soit le sport. C’est ainsi qu’elle deviendra définitivement contemporaine et n’aura plus cette image de « gymnastique de grand-papa ».

Comme tous, le Frondegôche tient effectivement aux valeurs si importantes du sport, à leur transmission et ce, pour le plus grand bien de la jeunesse du pays. C’est une mission de toute première importance. Et c’est d’ailleurs pour cela que ce parti milite pour le « respect d’un sport porteur d’une éthique et de valeurs éducatives » et qu’il « agira pour un sport vecteur de paix et de solidarité internationale ». Il faut savoir rejoindre l’union sacrée nationale quand il le faut. Face aux polémiques politiciennes qui font rage et qui sont un risque pour l’unité nationale, le sport est heureusement le lieu où la communauté nationale existe pleinement. Le parti du commandant-de-pédalo-par-temps-de-tempête n'est d’ailleurs pas en reste à ce sujet puisqu’il s’agit notamment pour lui de valoriser « (…) des sports qui rapportent des médailles (handball) » et de « (…) favoriser la formation et la reconnaissance sociale d’une élite exemplaire (…) » (« Encourager les pratiques sportives », in Le projet socialiste 2012, p. 36) .

Pour redorer le blason de la France sur le plan sportif après le désastre national de Knysna en Afrique du Sud lors de la dernière Coupe du Monde football en juin 2010, ce Frondegôche doit être remercié pour son sens civique : bientôt, la France accueillera pour le plus grand bonheur de tous, l’Euro de football en 2016. L'Etat doit débourser au moins 1,7 milliards d'euros pour cela. Il est effectivement important d’avoir aussi cet horizon en tête pour mettre en sourdine les divisions politiques. Sans cela, les français ne seraient pas confortés, en période d’austérité, dans leur effort magnifique pour contribuer à l’opération Grands stades qui consiste à dépenser sans compter pour la rénovation et la construction des stades de la France.

C'est ainsi que se démontrer le lien intime entre civisme et sport.
Oui, vraiment : vive le sport avec le Frondegôche !

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