A sa libération, Nadia Tolokonnikova, l'une des trois Pussy Riot, a appelé au boycott de ces jeux d'hiver 2014.

Ajout du mercredi 25 décembre 2013.


LE SIFFLET ENROUE, N° 26
Paraissant au bon vouloir de son auteur,
présentement, le lundi 9 septembre 2013


JO de Sotchi : comme si de rien n’était ?

La récente loi russe qui fait de tout propos ou acte revendiquant l’homosexualité, une propagande répréhensible, a déclenché un tollé général. De ce fait, les J.o. d’hiver qui doivent se dérouler à Sotchi, au bord de la mer noire, sont désormais ciblés.

Alors que le CIO a gracieusement offert ce spectacle planétaire à Poutine-le-tyran, des athlètes participants aux Mondiaux d’athlétisme de Moscou (du 10 au 18 août 2013) ont commencé à manifester un certain refus de cette vision normative des rapports sociaux. La cycliste Judith Arndt, quadruple championne du monde et médaillée olympique, envisage quant à elle la possibilité d’un boycott.

Mais en France, le président du CNOSF (Comité National Olympique Sportif Français), Denis masseglia, considère pour sa part que la participation à ces « jeux » va de soi : « après ceux [les boycottages] des JO de 1980 et 1984, que reste-t-il ? Les seuls punis ont été les athlètes… On ne peut pas demander à ces derniers de régler tous les problèmes sociétaux du monde » (Le Monde, 20 août 2013). Ce fatalisme intéressé voudrait enfermer le sportif dans son village olympique comme dans une tour d’ivoire, indifférent à la souffrance d’autrui. A l’image du CIO, l’olympisme joue une fois de plus la carte de l’apolitisme alors même que le petit-père-des-peuples-russes, lui, n’a aucun états d’âme pour faire de Sotchi 2014 la vitrine politique de son régime autoritaire. C’est pourquoi, suivre le CNOSF, lui-même aux ordres de Jacques Rogge, le président du CIO, c’est s’illusionner sur les possibilités critiques de la participation : croit-on vraiment que l’autocrate de l’ex-KGB tolérera un débat au moment des compétitions ?

C'est effectivement la nature du régime politique poutinien qui permet de comprendre comment il est possible pour ce pays d'investir 51 milliards de dollars pour ces jeux. C'est le vice-premier ministre de Russie, Dimitri Kozaksi qui le dit si bien que ces jeux sont les plus chers de l'histoire olympique. Ces dépenses pharaoniques seront supportées par les russes tout comme par l'environnement : le bétonnage de la région est aussi un véritable désastre. Par exemple, un tronçon d'autoroute de 48 kilomètres a été construit entre la ville de Sotchi et la station de ski de Krasnaïa Poliana, plus en hauteur.

Le CNOSF prend-il toute la mesure de sa position lorsqu'il n'a rien à dire sur un régime qui ostracise les minorités (peuples caucasiens, homosexuels), réprime les opposants (écologistes) et détruit l’environnement à coup de bulldozers et de corruption?

Denis Masseglia étant enseignant retraité de l'éducation nationale, la version papier du magazine de la MGEN (Mutuelle Générale de l'Education Nationale) lui accorde la parole (parole non reprise dans la version internet). Que dit-il ? Par exemple: "Aujourd'hui tout montre (sic) que la pratique du sport peut permettre aux Etats de faire des économies en matière de santé de leur population" (Valeurs mutalistes n°285, juillet/août 2013, p. 29). Très bien mais quel gain pour un grec après les JO en matière de santé ? Sans doute faudrait-il considérer que l'austérité dans le secteur hospitalier est bénéfique ? Ce bon petit soldat de la domination ne semble pas se rendre compte de ce que signifie cette phrase pour un grec qui supporte les conséquences des dépenses engagées pour les JO d'athènes en 2004, dans sa vie quotidienne. Seuls à l'époque quelques rebelles lucides de l'île d'Icaria, dans la mer Egée, avaient anticipé cela en manifestant leur opposition. Ces propos hors-sol méritent d'être dénoncés.

Or il se trouve que le CNOSF, organise sa petite propagande (depuis 2010), joliement baptisée « sentez-vous sport! » pendant ce mois de septembre. Pour cela, il compte enrôler des participants qu’il recrutera dans les universités, les entreprises, les villes et même au sein de la jeunesse scolarisée via le sport scolaire (l'UNSS). Ces manifestations olympiennes ne peuvent exister comme si de rien n’était !

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